Retrouvez ci dessous le discours prononcé par M. le Maire à l’occasion de la Journée nationale de commémoration du génocide des Arméniens.
« Mon Révérend Père Houssik SARGSYAN,
Messieurs les Présidents des associations cultuelle et culturelle arméniennes,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi de remercier sa sainteté Karékine II, Catholicos de tous les Arméniens, qui a doté notre paroisse de Charvieu, Pont-de-Chéruy et ses environs ainsi que celle de Romans-sur-Isère d’un prêtre, le père Houssik Sargsyan, que je remercie car il accompagne remarquablement la paroisse et la communauté arménienne de notre territoire.
Je salue à distance Madame la Maire d’Etchmiadzine, Diana Gasparyan, qui nous fit l’honneur d’une visite à Charvieu-Chavagneux en 2022, et envers qui je conserve une grande affection et un profond respect.
C’est toujours avec une grande émotion, et une gravité identique, que je me tiens à vos côtés, pour commémorer la tragédie du génocide arménien. Bien que l’année qui vient de s’écouler me laisse un goût bien plus amer qu’antérieurement en raison de l’agression impunie de l’Azerbaïdjan à l’encontre des Arméniens millénaires de l’Artsakh.
L’épuration ethnique qui se joue là-bas, ne craignons pas de dire la vérité, fait inévitablement penser au Génocide dont nous commémorons les victimes aujourd’hui.
Les agressions de l’Arménie et de son Peuple, le plus ancien des Etats chrétiens, par les Turcs, et plus largement par les puissances islamiques, remontent à loin dans l’Histoire et continuent aujourd’hui.
Il y a 109 ans, en 1915, eut lieu la tragédie suprême, avec la déportation et l’extermination – méthodiquement calculée et organisée par le Ministère de l’Intérieur du gouvernement Jeune Turc – de plus d’un million et demi d’arméniens occupants ces terres d’Anatolie depuis 2000 ans.
Hommes, femmes et enfants, ont été assassinés sur l’ordre de Tallat Pacha, surnommé le « Hitler turc » par les historiens.
Depuis lors, à l’instar de la France, Charvieu-Chavagneux a toujours été une terre d’accueil pour les Arméniens, devenus avec le temps et l’écriture d’une histoire commune, nos amis.
Nous avons tenu avec Francoise BERBERIAN, 1ère adjointe de la Communauté arménienne à assurer cette fonction sur l’agglomération, à ce que ce lien immuable soit pérennisé dans une stèle à la mémoire des victimes du génocide arménien, dès 1987.
Et c’est devant cette même stèle que depuis lors, nous nous rassemblons chaque année, pour une cérémonie d’hommages respectueux et fraternels, à vos morts, qui sont aussi les nôtres.
Ce génocide a été reconnu par la France, c’est un devoir de mémoire et un devoir de justice que de vous soutenir.
Ce crime contre le Peuple Arménien, est un crime contre l’humanité et le monde doit le savoir, car comme disait CICERON en 106 avant Jésus Christ : « Ne pas savoir ce qu’il s’est passé avant votre naissance, c’est rester un enfant à jamais ».
Les souffrances marquent les peuples et la réparation est impérative, bien qu’elle ne referme pas toutes les plaies.
Et ces plaies sont régulièrement réouvertes, tailladées, dans l’indifférence complice des Nations qui regardent sans sourciller les chrétiens du monde entier persécutés, assassinés.
Je pense tout particulièrement à ceux de l’Artsakh, qui en septembre dernier ont été victimes d’une odieuse agression. Je ne rentrerai pas dans le détail des horreurs perpétrées par les islamistes azéries que chacun déplore.
L’erreur est historique.
Staline, a délibérément incorporé l’Artsakh, pourtant peuplé d’arméniens depuis des millénaires, à l’Azerbaïdjan. Je crois que ce n’était pas une erreur, mais la volonté de ce tyran machiavélique.
Ce qui me révolte le plus, c’est le silence et la passivité de la communauté internationale, d’habitude si prompte à promouvoir les droits des minorités, pourvues qu’elles ne soient pas chrétiennes.
Serait-ce à l’intérêt mal dissimulé pour le pétrole d’Azerbaïdjan des membres de l’occident, préférant la honte et l’argent à l’honneur, que nous devons ce mutisme collectif ?
Dans l’indifférence généralisée, les nations belliqueuses et hostiles avancent leurs pions peu à peu, et l’Histoire pourrait de nouveau se répéter.
Combien d’élus pensent à leurs mandats plutôt qu’aux Peuples dont ils ont la charge ?
Pour notre part, à Charvieu-Chavagneux, nous n’avons jamais cédé aux pressions clientélistes d’autres communautés qui ne brillent jamais par leur effort d’intégration, ni par le respect dû à la France, et je considère que nous ne devons pas entretenir de relations diplomatiques et économiques avec la Turquie tant que le régime islamiste d’Erdogan aura un comportement de barbares.
La commission européenne veut bien pleurer avec l’Arménie mais continue de commercer avec l’Azerbaïdjan et la Turquie. Quelle incohérence et quelle malhonnêteté de la part des dirigeants actuels de l’Europe !
La France de Macron est première de la classe dans ces domaines, et c’est d’autant plus écœurant que nous étions, avec Saint Louis, le royaume protecteur des chrétiens d’Orient.
Les croisades nous ont permis de nouer un attachement quasi millénaire avec les Arméniens, que les Francs surnommaient « les européens d’Asie ».
Comme un magnifique symbole de notre vieille amitié, le dernier des rois d’Arménie, Léon VI de Lusignan, git, côte à côte, dans la paix éternelle, avec les rois de France, en la Cathédrale de Saint-Denis.
Depuis 1915, la France est un refuge pour tous les Arméniens exilés. Comme vous le savez, un certain nombre d’entre eux, vos parents et grands-parents, sont venus s’installer à Charvieu-Chavagneux. Je me félicite d’ailleurs à l’idée qu’aujourd’hui, la France accueille la 3ème communauté arménienne du monde. En définitive, vous êtes bien membres à part entière de notre histoire.
Mon ami Jean Moughamian était l’exemple même d’une intégration réussie. Président de la Maison de la Culture Arménienne, il avait su conserver, entretenir, soutenir sa Communauté d’origine et initier, stimuler les démarches pour notre jumelage avec Etchmiadzine.
Aujourd’hui, vous me permettrez de porter un message : la France doit redevenir ce qu’elle était, la fille ainée de l’Eglise, et l’exemple des nations indépendantes.
Elle doit retrouver une cohérence d’action sur la scène internationale ; elle doit retrouver sa vocation de protection des minorités chrétiennes en Orient, plus que jamais aujourd’hui en ces temps de persécutions.
Et pour cela, la France doit prendre exemple sur l’Arménie. Après les drames qu’elle a connus, l’Arménie a toujours su se rebâtir. Sa force réside principalement dans ses certitudes, les Arméniens savent qui ils sont, leur âme n’a pas été amputée.
Les Français doivent s’appuyer sur votre témoignage : retrouver la fierté de leurs origines, la foi dans leur art de vivre et l’espérance dans les promesses de leur baptême.
Car la France sans l’Eglise est orpheline de sa mère. L’Eglise a bâti la France et ce n’est pas l’inverse, il est bon de se le rappeler une fois de plus.
Soyez fiers de ce que vous êtes, ne tournez pas le dos à ceux qui ont toujours défendu votre cause et méfiez-vous des faux-amis. Soyez vous-mêmes, des modèles d’inspiration patriotique.
L’Arménie est une terre de miracle, c’est comme cela qu’elle est née.
L’Arménie devint la plus ancienne nation chrétienne de l’Histoire lorsque le roi Tiridate IV se convertit au christianisme en 301, après avoir été sauvé miraculeusement de la maladie par Saint Grégoire qu’il avait enfermé et torturé pendant des années à Khor Vilap.
L’Arménie est une terre sur laquelle Dieu a posé ses yeux, et en dépit des épreuves, elle doit rester elle-même.
Que vive l’Arménie.
Permettez-moi, en conclusion, de renouveler, à l’ensemble de la Communauté Arménienne de notre Ville, de notre Agglomération comme de la Région Auvergne Rhône-Alpes, ma profonde solidarité, mon amitié la plus fidèle et mon total attachement à la cause arménienne.
Guétzé ail-Frantsagane paréganoutioune
Je vous remercie. »