ALEXANDRE GRAMMONT – DES PROGRÈS CONTINUS
Vers 1815, les travaux d’Edison et d’Ampère, les deux fondateurs de l’électricité industrielle, ouvrirent des débouchés nouveaux aux industriels entreprenants. Monsieur Alexandre Grammont, déjà collaborateur de son père, et qui avait hérité de celui-ci l’esprit d’initiative et les qualités d’homme d’affaires, pressentit tout l’avenir réservé à l’entreprise qui s’orientait vers les applications industrielles de l’électricité. L’exposition universelle de Paris devait affermir les idées motrices de Monsieur Alexandre Grammont.
L’industrie grandit, ouvrant ses portes aux inventions de l’époque. Elle s’occupa tout d’abord de la fabrication des conducteurs électriques : fils et câbles nus, pour transport de force ; fils trolley, câbles sous gaine étanche en plomb dus aux inventeurs suisses Berthoud et Borel, ainsi que les câbles sous-marins. Cela nécessite la création d’une fonderie et d’ateliers de laminage et de câblerie. Une usine construite à Saint-Tropez se spécialisa dans la fabrication et la pose des câbles sous-marins qui furent installés entre Marseille et Tunis en 1893 et qui mesurait 1200 Kms de Mozambique à Majunga, de Hué à Amoy en 1901, de Saîgon-Poulo-Condor-Pontianak, de Tamatave à la Réunion et de la Réunion à l’Ile Maurice. Ces deux derniers câbles ont été posés par des profondeurs atteignant 5 500 mètres.
La seconde étape fut marquée, en 1891, après l’acquisition des Ets Mordey-Victoria, par la construction de matériel électrique, fabrication à peu près inconnue en France. Cet effort fut récompensé par un grand prix à l’exposition de Lyon en 1894.
En 1890, lors de l’exposition à Paris, ce fut un groupe électrogène avec altérateur triphasé signé A. Grammont qui fournit, en partie, l’électricité dont l’exposition avait besoin. Cette deuxième phase de l’évolution industrielle fut marquée par la construction à la plaine Chavanoz, de transformateurs, de dynamos, de moteurs alternateurs, de moteurs asynchrones, dont certains fonctionnent de nos jours dans l’ancienne Maison Grammont devenue Tréfimétaux, Groupe Péchiney. Ce fut également la construction de moteurs électriques pour tramways, l’installation des lignes de Saint-Etienne, de Besançon et de Dijon. En 1895, 500 personnes travaillaient aux Etablissements Grammont. Les ateliers couvraient 13 692 m² et la surface totale était de 55 574 m². L’utilisation du caoutchouc comme isolant de conducteurs électriques incita Monsieur Grammont à entreprendre, vers 1895, face à l’importance que prenait le développement de l’industrie automobile, la fabrication de pneumatiques et de bandages plains pour poids lourds.
D’autres applications industrielles du caoutchouc donnèrent naissance à la fabrication de tuyaux, de courroies, de clapets, de joints de vapeur, de boulets sphériques pour pompes et de chambres à air et enveloppes pour vélos et autos. Puis, ce fut la création à Lyon, rue du Belvédère, d’une usine moderne destinée à la fabrication des lampes électriques pourvues d’un filament tréfilé, une innovation dont la solidité était remarquable pour l’époque. Ce fut la fabrication des lampes « fotos ». L’essor prodigieux de cette entreprise en avait fait une des premières industries d’Europe, et le personnel était passé de 143 personnes en 1881 à 2150 en 1914. A la déclaration de la première guerre mondiale, les Etablissements Grammont fournissaient à l’armée des fils téléphoniques, des laitons pour les arsenaux, des douilles d’obus et des pneumatiques pour les véhicules militaires. Ce fut la mise au point de l’utilisation en fonderie des premiers fours électriques.