Retrouvez ci-dessous le Discours de Monsieur le Maire, Gérard Dézempte, intitulé : « Si tu veux la paix, prépare la guerre ».
Mesdames,
Mesdemoiselles,
Messieurs,
Après quatre années d’une guerre devenue interminable, le 11 novembre 1918, à l’aube, l’armistice était enfin signé en forêt de Compiègne entre la France, ses alliés et l’Allemagne.
Côtés Français et alliés, le Maréchal Foch est entouré de l’Amiral de la flotte britannique Wemyss, du contre-amiral britannique Hope et du Général Weygand. Côtés allemands, le Ministre d’Etat Matthias Erzberger est accompagné par le Général major Von Winterfeldt de l’armée impériale, le comte Alfred Von Oberndorff des affaires étrangères et le capitaine de vaisseau Vanselow de la Marine impériale.
Ces huit personnalités mettront un terme à ce que l’historien François Furet rebaptisa « la guerre civile européenne ».
Dans toute l’histoire de notre Nation, aucune guerre n’a égalé, en massacres et agonies, la Grande Guerre de 14-18. Plus de 7.8 millions de Français ont revêtu l’uniforme pour défendre la France et parmi eux, un million trois cent quatre-vingt-dix-sept mille sont morts au combat et plus de 4 millions sont revenus blessés ou mutilés.
Le bilan macabre à l’échelle mondiale est porté à 18.6 millions de morts. Nous contemporains, sommes pris de vertiges lorsque nous énonçons ces chiffres qui traduisent une véritable industrie de la mort. Une industrie de la mort qui n’a épargné aucune classe sociale, aucune province, presqu’aucune commune ni famille de France.
A notre échelon, Charvieu-Chavagneux pleure la perte de trente-huit de ses fils et à ce lourd bilan, il faut ajouter le sacrifice des femmes, qui ont remplacé les hommes au champ ou à l’usine.
Ils étaient nos arrières grands-parents, nos grands-parents et pour certains des plus âgés d’entre nous, nos parents. Ils ne sont plus mais nous sommes leurs héritiers. Nous sommes les dépositaires de leur mémoire et nous devons sans cesse raviver la flamme du souvenir.
Oui, nous devons transmettre sans relâche la mémoire du sacrifice suprême de nos aïeux afin de ne jamais laisser dire par certains esprits malveillants, que d’autres seraient morts à la place des Français pour sauver la France ou pire, qu’ils seraient morts pour une idée jugée saugrenue : la défense de la patrie et de la liberté du peuple français.
Oui, la France a été sauvée par des Français ; par tous les Français et il suffit pour s’en convaincre, de parcourir chaque monument dans chacune des 34 968 communes de France ou de se recueillir dans chacune des églises, des basiliques ou des cathédrales devant les plaques mémorielles aux Morts pour la France.
Célébrer ces héros morts pour la France durant la Grande Guerre, c’est ne pas oublier que nos soldats continuent de tomber sur le champ d’honneur pour que la France demeure libre et souveraine.
Depuis le 11 novembre 2021, 1 militaire français a sacrifié sa vie au combat.
Nous voulons honorer sa mémoire :
- Brigadier-Chef Alexandre Martin – 54ème Régiment d’Artillerie – Opération Barkhane – Mort pour la France au Mali le 22 janvier 2022.
Nous leur rendons hommage ainsi qu’à leurs prédécesseurs qui ont accompli l’ultime sacrifice au service de la Mère Patrie.
Ces hommes et ces femmes sont envoyés au combat sur un front plus diffus, dans une guerre asymétrique ou l’ennemi est partout et nulle part à la fois. Présent sur notre sol et combattu sur des théâtres d’opérations extérieurs.
A cela s’ajoute la résurgence des guerres de position qui confrontent des armées régulières comme en témoigne le conflit fratricide entre la Russie et l’Ukraine. « La Fin de l’histoire », si chère à l’intellectuel Francis Fukuyama, n’aura jamais lieu.
Le 21ème siècle voit se confronter les grands empires russes, chinois, indiens et américains. L’histoire bégaie et exige de la France, qu’elle tourne le dos aux illusions pacifistes et antimilitaristes.
« Si Vis Pacem, Para Bellum ». Si tu veux la paix, prépare la Guerre.
Telle doit être notre maxime. La France doit sortir de sa torpeur et se préparer à voir ressurgir les conflits d’hier. Notre seule boussole est de servir les intérêts de la France et l’impérieuse nécessité de protéger notre peuple. C’est la responsabilité du Président de la République en sa qualité de chef des armées ainsi que celle du Gouvernement. Mais est-ce vraiment sa priorité ?
Le sacrifice de nos aïeux durant la Grande Guerre n’a pas été vain car il a permis de préserver la France d’une occupation allemande doublée de l’humiliation de la défaite. Peut-on en dire autant de celui des soldats morts au combat ces dix dernières années ?
Certains cherchent d’ailleurs à travestir l’esprit des commémorations du 11 novembre. Le transformer en un prêche pacifiste, une ode au « Vire ensemble » et à « l’acceptation de l’autre ». Est-ce vraiment d’actualité à l’heure où notre pays fait face à de multiples menaces ?
Ne vouloir retenir de la Grande Guerre que les mutins et les déserteurs, c’est priver nos poilus de tout ce qui leur restait, du fond de leurs tranchées : leur héroïsme et leur insondable dignité d’homme debout.
Nos soldats, qui ont dû abandonner leurs fiancées, leurs épouses et leurs enfants ; leur charrue et leur marteau ; pour aller se battre dans la boue, la vermine et le froid, en sont ressortis vainqueurs, au prix d’immenses sacrifices.
Mais que diraient-ils aujourd’hui ?
Eux qui ont donné leur vie pour défendre la Nation contre l’envahisseur. Que diraient-ils en voyant que l’armée française ne tiendrait qu’un front d’une distance de 80 km en cas de conflit de haute intensité comme nous l’apprend le journal l’Opinion, soit 20 m de moins que la distance entre Lyon et Chambéry.
Eux qui ont su prendre la mesure du danger qu’encourait leur pays, que diraient-ils s’ils apprenaient que la France n’avait que 3 jours de munitions comme le soupçonne le député Jean Louis Thiériot, membre de la Commission défense et des forces armées de l’Assemblée nationale et auteur d’un rapport d’information alarmiste.
Que penseraient-ils aujourd’hui de l’incurie de certains de nos dirigeants dont les œillères les empêchent d’appréhender les nouvelles menaces qui pèsent sur la France.
Ne soyons pas ces « nains juchés sur des épaules de géant » dont parlait Blaise Pascal !
Soyons dignes de nos Poilus.
Cultivons l’esprit de résistance et rappelons-nous la dette éternelle que chacun, nous devons, à ceux qui ont défendu, jusqu’au sacrifice suprême notre sol, notre liberté, notre sécurité et notre art de vivre.
Notre devoir suprême est de transmettre à nos enfants et petits-enfants ce pays libre, fort et dépourvu d’archaïsmes religieux, que nous ont laissé, au prix de leur sang, de leur sueur et du fond de leur âme, nos parents et nos grands-parents.
Pour que jamais la France ne soit qu’une simple parenthèse dans l’histoire de l’humanité, battons-nous pour qu’elle tienne son rang dans le concert tumultueux des Nations.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, je vous remercie de votre attention.