Messieurs les représentants des Associations d’anciens combattants,
Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames, Messieurs, les élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers enfants de nos écoles,
Chaque 8 mai nous nous retrouvons devant le monument aux morts de Charvieu-Chavagneux pour rendre hommage aux enfants de notre commune et à tous les Français morts pour la France.
Chaque année nous renouvelons le serment des héros de notre pays qui ont préféré « vivre libre ou mourir ». Nous entretenons le devoir de mémoire essentiel et légitime envers ces femmes et ces hommes qui ont fait le choix le plus périlleux, mais c’est de ce choix qu’a rejaillit notre liberté dont nous jouissons aujourd’hui.
Il est de notre responsabilité de saluer le courage, l’esprit de sacrifice et le sens du devoir de nos ainés. Cet héritage nous honore mais il nous oblige aussi.
Il en va de notre devoir de le transmettre et de le perpétuer. Car ces valeurs fondamentales, pour tout peuple et pour toute société, restent dans le temps des vertus impérissables.
Je voudrais avoir une pensée particulière pour deux de ces enfants charvieulands. Je souhaite que nous rendions hommage à Paul Pasdelou et son beau-frère Georges Drevon, mort à 30 et 26 ans. Ils sont la fierté de notre commune, plutôt que se résigner ils ont préféré se soulever, plutôt que se soumettre ils ont opté pour l’honneur et la grandeur. Tous deux ont été victimes de l’exécution de Lissieu le 10 juin 1944. Leurs deux noms apparaissent sur le monument aux morts derrière moi. Ils sont le symbole de l’esprit de résistance qui résonnait dans les villages et vallons nord-isérois. Notre région peut être fière de ses enfants devenus des héros de la libération nationale.
Il nous incombe cette grande responsabilité d’enseigner cette histoire à nos enfants, ici présents, afin de leur donner les clés qui leurs permettront de prendre les meilleures décisions possibles, pour qu’ils puissent éviter de rééditer les mêmes erreurs que celles commises par le passé.
N’oublions jamais ce que fut l’atrocité de cette guerre. Plus que dans aucun autre conflit, ce sont les civils qui ont souffert en premier de ce combat à mort entre frères et cousins du continent européen. Parmi les 60 millions de morts, plus de la moitié étaient des civils. Innocents de tout crime, ils furent les victimes des barbaries totalitaires.
La modernisation de l’armement fut le bras armé des idéologies mortifères qui amputèrent notre continent de sa vitalité et de son rayonnement. Les idéologies qui aspirèrent à la construction d’un monde meilleur ne furent que les initiateurs des orages d’aciers et des enfers gaziers.
La transmission de cet héritage est un enjeu vital. Nous devons enseigner à nos enfants le danger des idéologies conduites à l’extrême et jusqu’au boutistes.
Car la guerre n’est pas seulement la trace de souvenirs passés. Nous, européens, avons eu tendance à l’oublier, en dehors des salles de cinéma, des téléfilms et des jeux vidéo pour les plus jeunes d’entre nous.
Mais l’Histoire est revenue frapper notre réalité. La guerre en Ukraine est là, et apporte avec elle les souvenirs, les traumatismes et les vieux démons de la guerre.
Cette réalité tragique dans l’Europe du XXIème nous rappelle que le patriotisme, la défense du territoire, le refus de l’individualisme et le souci de la défense nationale sont des valeurs cardinales que nous devons réinsuffler dans le monde qui vient. Sachons nous montrer dignes de ceux qui nous ont précédé. Sachons nous défaire de cet individualisme absurde et tâchons de nous retrouver autour de ce qui nous unit depuis plus de mille ans malgré les épreuves.
Comment pourrions-nous nous résoudre à ne plus se soucier de ce bien commun. Nous avons le devoir d’ancrer les convictions profondes de notre société pour l’empêcher de replonger dans l’enfer des atrocités. Après le XXème siècle, qui fut celui de toutes les violences et de toutes les souffrances, les plus inhumaines qui soit, comment accepter que les Français ne composent plus un seul et même peuple cohérent et uni autour de son socle culturel millénaire ?
L’avenir mondial est incertain, à l’heure où l’on évoque une potentielle 3ème guerre mondiale, soyons en mesure de tout faire pour éviter le spectre de la guerre civile qui s’annonce sur notre propre sol si rien ne change, et qui auraient pour victimes nos enfants et nos petits-enfants. Les 258 victimes des attentats sur le territoire national en sont l’avertissement.
Cette éventualité est d’autant plus inacceptable pour nous, français, qui célébrons aujourd’hui la date anniversaire de la victoire du courage, de l’effort et du sens de l’intérêt commun.
Ne nous contentons jamais de réduire nos paroles au passé, mais faisons-en le fer de lance de nos actions futures pour assurer des jours meilleurs à nos enfants.
Y-a-t-il une fatalité à la défaite ? Certainement pas lorsqu’on est français. Plus d’une fois l’avenir fut incertain pour la France : la guerre de Cent Ans et l’invasion anglaise du territoire et puis la reconquête du Royaume avec Jeanne d’Arc ; les défaites militaires successives des troupes révolutionnaires face aux armées royales européennes et puis l’épopée Napoléonienne ; l’invasion de l’Allemagne nazie et puis l’esprit de résistance insufflée par le général de Gaulle.
Nous n’avons jamais été un peuple qui subit l’Histoire, et aujourd’hui encore face aux diverses crises qui s’annoncent, nous devons choisir l’avenir que nous voulons. Je terminerai avec ces mots du général de Gaulle, riches de sens aujourd’hui, en espérant qu’ils puissent nous éclairer dans l’avenir : « Vieille France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ».
Car c’est à cette condition que pourra « après le nuage si lourd de notre sang et de nos larmes reparaitre le soleil de notre grandeur ».
Alors suivons cet exemple, ayons confiance en nous-même, soyons fiers de ce que nous avons réalisé par le passé, mais surtout, surtout soyons ambitieux pour l’avenir. Nous le devons bien à nos enfants, à notre pays et à ces hommes qui sont morts pour le défendre. Nous le devons à la France !
Vive la République,
Vive la France